512 BB LM : La privée heureusement pas si privée !

le 22 mai

Bonjour à toutes et tous,

Suite aux succès de la ''Daytona'' Competizione, et notamment grâce à Charles Pozzi SA et la N.A.R.T., et face au nouveau règlement (cf. extrait Annexe J de 1975 émis par la FIA) les écuries clientes dont les deux sus-nommés veulent leur groupe V sur la base de la nouvelle BB.

La N.A.R.T. avait fait courir 3 365 GT/4 BB baptisées ''Competizione'' en hommage aux Daytona du même nom, mais avec une faible augmentation de puissance (+20 à +40 chevaux) et une aérodynamique faiblement modifiée, les voitures ne firent pas d'étincelle, avec comme meilleur résultat une 16^e place au Mans 77.

Ces ''modestes'' versions classées dans la catégorie GTX, par faute d'homologation officielle du constructeur, s'étant, depuis 1974, consacrée à la formule 1, ne font pas le poids face aux redoutables Porsche 911 turbo, type 930, qu'elle soit en catégorie GT ou groupe 4 (ou 930-4, plus connue comme 934) ou plus encore en catégorie Sport (voire silhouette tant les carrosseries sont modifiées) ou groupe 5 (ou 930-5, les terribles et terrifiantes 935).

Luigi Chinetti et Daniel Marin, bras droit de Charles Pozzi, fers de lance du temps des Daytona Gr IV ne cessent de réclamer à l'usine de développer une version de course, la 512 BB LM,

L'usine daigne confier l'étude à Ferrari's Assistenza Clienti à Modène avec une carrosserie profilée validée par Pininfarina grâce à sa toute récente soufflerie*.

De même, Ferrari's Assistenza Clienti remplacent les bagues élastiques des suspensions par des joints uniball et travaillent sur le moteur en en extirpant une puissance accrue de 30% (470 ch contre les 360 de série et les quelques 400 sur les GT/4 BB Competizione). La ''512 BB LM'', c'est ainsi qu'elle est désignée, les deux dernières initiales ne laissant planer aucun doute quant à son objectif de destination est également significativement allégée (1050 Kg contre près de 1400 pour le véhicule de série) et son système de refroidissement est largement modifié pour permettre de faire tourner le moteur à plein régime sur la durée, et notamment en vue de sa pleine charge dans la longue ligne droite des Hunaudières.

Entre 1978 et le début des années 80, une série de 25 512 BB LM sont ains construites par l'Assistenza Clienti, mais contrairement à Porsche, l'usine ne s'impliquera jamais en tant que telle, ne pouvant désunir ses efforts sur le championnat de formule 1 (qui connut effectivement une période faste pendant cette période) mais surtout savait ne pas pouvoir proposer d'alternative à la puissance démoniaque des 935 et de leur technologie turbo. Comment lutter contre les 680, puis 750 et enfin 850 chevaux des 3.2 turbo ? Ferrari n'avait pas encore de moteurs turbocompressés - il allait arriver en 84 avec la 288 GTO, mais c'était trop tard.

Malgré tout, les résultats au Mans n'ont pas été ridicules, loin de là, avec une victoire dans la catégorie IMSA et cinquième au classement général en 1981, et sixième au classement général en 1982.

*Soufflerie qui fête ses 50 ans.

La soufflerie de Pininfarina célèbre ses 50 ans d'excellence en recherche aérodynamique et aéroacoustique

le 22 mai

1. La première BB LM ''26681'' a été livrée à Pozzi sans résultat significatif

2. La ''26683'' a été livrée à la N.A.R.T itou sans résultat (dnf au Mans et à Daytona)

3. La ''26685'' à Pozzi avec 2 dnf (LM et Daytona) et un accident au Mans

4. la ''27577'' à l'écurie Francorchamps* avec de modestes résultats (12^e au Mans en 79* et 23^e au Mans en 80 mais 7^e à Silverstone)

5. la ''27579'' à Samocar (?) sur Rome, n'ayant jamais couru jusqu'à récemment en VHC (s'agit-il dès lors d'une voiture de développement comme présentée par BBR - cf. dernière photo du présent post).

6. la ''28601'' à Fabrizio Violati qui, également, ne brilla pas à sa sortie mais reconnaît une nouvelle vie en course historique avec de nombreux podiums, vire victoires dans sa catégorie

7. la ''29507'' à Albert Olbrist, grand collectionneur suisse, qui ne fit pas courir la voiture, celle-ci connaissant une fois encore une deuxième vie au début des années 90, en courant dans des courses historiques au volent de ses nouveaux propriétaires

8. la ''29509'' à Bob Donner from Denver qui, une fois la course de cote de Virginia City gagnée avec à la clé le record battu, maintint la voiture loin des circuits avant que courant 90 et jusqu'à aujourd'hui, la voiture lime à nouveau le bitume des pistes, ce pour quoi elle a été construite avec de belles places d'honneur et des victoires !

... A suivre

*Elle portait à l'époque le N°61 dans la robe jaune propre à l'écurie belge. Elle appartient depuis 90 à Nick Mason qui la fit repeindre dans un british racing green plus en relation avec sa nationalité.

**Quand on pense que cette année-là, Porsche, avec des écuries privées, a placé 3 935 aux trois premières places -Deux Kremer et une 935/77 et une 934 à la 4^e place !

Il faut dire que l'air de rien, une 934 développait une centaine de chevaux supplémentaires / BB LM le tout pour une cinquantaine de kilos de plus.

le 23 mai

Bonjour

Merci pour cet hommage à un modèle un poil sous estimé. Moi même j'ai mis un moment à lui trouver un réel intérêt. Récemment j'ai fait le compte de mes rencontres : 19 sur 25 !

Par contre, dans mes vitrines, je me contente de quelques exemplaires au 1/43, à découvrir vers la fin de cette galerie : https://photos.app.goo.gl/11qyAyyC53nfZZmE9

Petite précision concernant 27577 : le vert actuel n'est pas dû à son propriétaire actuel. Elle se présentait dans cette livrée dès Silverstone puis au Mans 1980, engagée par Simon Phillips.

le 23 mai

il y a une heure, Etienne a dit :

Bonjour

Merci pour cet hommage à un modèle un poil sous estimé. Moi même j'ai mis un moment à lui trouver un réel intérêt. Récemment j'ai fait le compte de mes rencontres : 19 sur 25 !

Par contre, dans mes vitrines, je me contente de quelques exemplaires au 1/43, à découvrir vers la fin de cette galerie : https://photos.app.goo.gl/11qyAyyC53nfZZmE9

Petite précision concernant 27577 : le vert actuel n'est pas dû à son propriétaire actuel. Elle se présentait dans cette livrée dès Silverstone puis au Mans 1980, engagée par Simon Phillips.

souvenirs, souvenirs, j'ai "travaillé" comme panneauteur à Mulsanne pour cette voiture, Simon et mon boss de l'époque étaient copains

le 23 mai

Merci @Etienne et @Zaz pour ces précisions et le partage de ces moments vécus.

C'est vrai que cette voiture a été un peu sous-estimée, Ferrari étant alors en plein renouveau de la scuderia au sortir des campagnes glorieuses de la fin des années 70 (Merci Luca & Niki) et en romance avec le ''petit'' prodige, Gilles Vileneuve, comme chacun sait le chouchou du commendatore, toujours vaillant dans ses 80 ans passées et en bataille avec l'excellent Didier Pironi qui aurait dû être le premier champion du monde français.

Comme évoquée, elle a été aussi écrasée par la 935, bien plus encore que la 512 S/M l'a été par les 917 K/L, la 935 ne boxant pas dans même catégorie.

C'est donc ici modestement un moyen de rendre hommage à cette très belle voiture qui revit une seconde vie, en brillant plus encore en cours historique, prouvant un potentiel qui n'a certainement pas été exploité comme il se doit.

@Etienne,

N'étant pas question de posséder une telle voiture, j'ai pour ma part la BBR au 1/18e en version civile (probablement la #27579) qui présente l'avantage d'être toute ouvrante, fait rare pour cette marque (car en Die-Cast). J'ai également une bonne dizaine de modèles au 1/43e, particulièrement des Best, probablement le meilleur rapport qualité/prix ainsi que deux Trons (la 365 GT4 BB LM jaune et la Ferrarelle N°27) et une rare AMR. A noter à ce propos, le petit clin d'oeil sympathique d'ailleurs de la N°46 (la #35525 évoquée ci-après) portant le logo AMR juste à l'avant du passage de roue arrière (Les tarifs du sponsoring n'étaient certainement pas les mêmes qu'aujourd'hui et nul doute qu'André-Marie avait dû négocier la remise de modèles tout montées contre l'accès aux plans). A noter également, la #27577 N°61 dans son jaune initial maintenant repeinte en vert anglais dès le Mans 80 - bien reçu 🙂

(suite donc)

9. La ''#29511'' à John & William Gelles from NY en bleu marine avec des résultats moyens en IMSA (le V12 ne pouvant lutter contre les V8 survitaminés par compresseur)

10. La "#30559" à la N.A.R.T. avec des résultats peu glorieux (une 26^e puis 13^e place aux 12 H de Sbring en 82 & 84)

11. la "#31589'' à Charles Pozzi, de loin la plus brillante avec une belle 5^e place au général et première en IMSA GTX au Mans 81 avec le même duo Andruet / Ballot Lena ayant mené les Daytona Pozzi (La ''Carrefour'' en 72 et la ''Thomson'' en 73 aux 1^ères places en GT, et ce juste à trois tours de la 1ère 935 (Groupe V) et un tour devant la 2e 935 (alors que la BB LM, ne l'oublions pas, leur rendait près de 300 chevaux, certes pour un poids près de 300 kg moindre).

A suivre

le 23 mai

(suite)

12. la ''#32129" à Charles Pozzi à la belle livrée bleu Pozzi métallisée, le capot étoilé en jaune, jaune que l'on retrouve sur les dérives d'aileron et les jantes ainsi que le nom des sponsors. La voiture faisait assurément son effet. Elle dût néanmoins se contenter d'une 10e place au général du Mans 80 correspondant tout de même à un accessit au podium en IMSA GTX.

13. la ''#32131'' à un certain Paul Pappardo qui ne la fit pas courir pas pas plus que ses trois propriétaires suivants, le quatrième, Ed Wattach, en 1988, lui donnant avec brio ses premiers lauriers en Ferrari Concours of America

14. la "#33647'' à la N.A.R.T. en tant que ''spare car'' au Mans 80 mais la voiture ne courut jamais. Elle fut remise à niveau de fond en comble par le très réputé DK Engineering dans le courant de la 1^ère décennie des années 2000. Assurément un joyau en devenir pour tout gentleman-driver un tant soit peu fortuné.

15. la ''#34157'' à la scuderia nationale Guercino où par deux fois elle entra dans le top 10 aux 1000 km de Mugello en 81 et 82 puis partant aux USA, tout comme ma 32131, elle courut avec moult succès aux Ferrari Concours of America.

16. la ''#34445'' à Ron Sprangler qui à son volant ne termina malheureusement aucune des courses (Daytona & Sebring), faute de support technique, de pilotage ....? Nobody knows.

Comme pour ses congénères sur le sol américain, elle connaît une seconde vie beaucoup plus glorieuse, restant néanmoins entre Ferrariste (FCA, Ferrari Challenge...). Résultat moins probant au Mans Classic

17. la ''35523'' à Simon Phillips, sujet de sa Majesté, qui se fit offrir la voiture par sa richissime épouse dont il fit figurer le nom en tant que principale sponsor ! Dans sa livrée immaculée, la voiture durant ses premières années ne franchit qu'une seule fois la ligne d'arrivée en 2^e place de la catégorie IMSA GTX. Migrant aux US, elle cumule les places d'honneur au Ferrari challenge mais sans réussite au Mans Classic.

.18. la ''35525'' à Robert Donner où aux mains d'un trio de pilote expérimenté (P. Dieudonne /J. Xhenceval /J.P. Libert), la voiture finit dans le top 10 (9^e) au Mans 81 et sur le podium des IMSA GTX. La voiture changea ensuite plusieurs fois de mains auprès de fortunés gentlemen-divers (Jean Guikas / Christian Traber / Christian Bourriez) avec de bons résultats aux Ferraric challenge.

19. la ''35527'' à la N.A.R.T. qui abandonna lors de sa première tentative au Mans en 81 mais finit dans le top 10 (9^ème) l'année suivante. A l'orée du XXI^e siècle, entre les mains de son nouveau propriétaire, Todd Morrici From New Jersey, elle truste les premières places au Ferrari challenge.

...

A suivre.

le 23 mai

(suite)

20 : la ''#35529" à Fabrizio Violati. La voiture commence par une victoire en IMSA GTX au 1000 km de Monza puis plus rien. Dès lors, en 1984, Violati, avec le support de son sponsor Ferrarelle, entreprend une profonde transformation de la carrosserie, plus ronde et plus basse, à l'instar des Rondeau ayant brillé il y a quelques années (dont une victoire au général en 80). Pour autant, cette ''mutation'' ne porte pas ses fruits, et guère plus dans les mains des gentlemen drivers suivants dont l'incontournable Jean Guikas.

21 : la ''#38179'' au garage Francorchamps puis à Ron Spangler , également acquéreur de la ''#34445''. Cette fois la voiture aux mains de l'excellent trio Dieudonne /Baird /Liber termine à une belle 6^e place au Mans en 1982, d'autant que les trois 956 Rothmans de l'écurie officielle étaient sur une autre planète et que la 935 JR#002 hyper préparée était également nettement plus performante. Finalement, seule une 935 K3 (#0009 005) finit 3 tours devant la #38179.

22 : la ''#38181''à Paul Pappalardo qui, après l'acquisition de la #32131, tente à nouveau sa chance, sans plus de succès. Néanmoins, dès 1986, à l'occasion des premiers challanges internes, la #38181 devient une véritable championne aux mains d'Ed & Eleanor Wettach. A partir de 2000, son nouveau propriétaire, Raymond Hartman, les résultats se montrent moins flamboyants (faute d'une moindre fougue de son nouveau conducteur ?)

23 : la ''38739" à Senior Crepaldi de Milan. La voiture ne court pas si ce n'est en 1989 à l'occasion de ''La Leggenda Ferrari - Sport e Prototipi'' à Imola. Ensuite aux mains expertes de Massimo Sordi, la voiture truste victoires et podiums au Ferrari challenge.

C'est cette voiture qui sert de ''mannequin'' sur le site Ferrari; c'est elle également que BBR a reproduite dans sa version stradale (et non la #27579 comme évoqué précédemment).

Ferrari 512 BB LM (1978) - Ferrari.com

24 : la ''41263'' à Charles Pozzi dans sa fameuse livrée bleu ''Pioneer''. Elle n'a pas vu ligne d'arrivée au Mans. Logiquement, elle a rejoint la collection de Jacques Setton, PDG de Pioneer. Elle changea ensuite 7 fois de mains pour finir chez John Bosch qui l'engagea à partir de 2003 au challenge Ferrari.

25 : la ''44023'' acquise par Jacques Swaters (Francorchamps) pour le compte de son ami Jean Blaton (alias ''Beurlys'') qui la revendit immédiatement à un américain Gary Kohs qui lui même l'a revendit a Mr Kato mi-90 pour $719,250 soit $1,515,000 ou ~ 1,26 M€. La voiture changea ensuite 7 fois de main, le dernier étant le français Olivier Breittmayer.

Voilà pour cette belle voiture (objectivement plus esthétique qu'une 935) qui malheureusement est tombée à une mauvaise période, sans support de l"usine, avec un moteur trop limité surtout face aux hyperpuissant flat 6 turbo et des pilotes un peu souvent ''amateur''. Pour preuve, les rares bons résultats étant redevables de grands professionnels : Andruet, Ballot-Léna, Dieudonné ...

Un peu situation renversée / Daytona vs 911 carrera RSR & autre Pantera.