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4.9. Superfast

250 GT/L ou 250 berlinetta Lusso : la merveilleuse !

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4.9. Superfast

Bonjour à toutes et à tous,

 

Après avoir traité des premières Ferrari de ''série'' : 250 GT coupé PF (et dans une moindre mesure sa variante cabriolet 250 GT cabrio série II), 250 GT/E ou 2+2 et 330 GT 2+2, représentant à elles seules sur une période de 6 ans le triple de la production des douze premières années de Ferrari, je ne pouvais pas ne pas revenir sur l'un des plus beaux joyaux de la couronne ou devrai-je dire l'un des plus beaux chef d'oeuvre de la collaboration Ferrari Pininfarina, ''Ferrari produisant châssis et moteur, Pininfarina les habillant de la plus robe possible'' (c'est à peu de mots près la vision qu'avait le commendatore de son partenariat avec le carrossier de <Turin). Et ici, en l'occurrence, elle prend tout son sens.

 

Pour être exact, la ''gamme'' 250 GT ''Lusso'' ou plutôt sa proposition commerciale a débuté dès 1961, l'idée étant de proposer à une clientèle certes fortunée mais plus enclin à un minimum de confort et d'équipement une alternative aux plus sportives 250 GT SWB (un peu comme ce que la Touring est à la GT3 - excusez-moi pour cette digression incongrue mais, je pense, qui parle à tout le monde).

Sur la base de la 250 GT SWB, Ferrari produisit 77 voitures, soit finalement assez peu, la confusion entre les ''vraies'' SWB et les ''Lusso'' déboussolant sportifs comme Gran Turismo divers, la seulde différence de poids (au propre comme au figuré) étant la carrosserie tout acier des Lusso pesant plus d'un bon quintal supplémentaire, sans compter le V12 tipo 128 F de la Lusso rendant 40 chevaux à la version Competizione. Mais aucun signe extérieur de ''richesse'' ne venait faire la différence.

 

C'est donc dans cette idée de différenciation que Sergio et ses équipes travaillèrent avec un premier prototype (#3849 GT) entamé dès fin 1961 pour une présentation au salon de Turin de l''année suivante. La voiture fut peinte dans une délicate et délicieuse teinte jaune pastel (Giallo Solare) avec un intérieur en cuir noir. Elle avait la particularité de présenter deux double feux à chaque coin du panneau arrière, les modèles de série suivant n'en ayant qu'un de chaque côté. Elle resta la propriété du carrossier turinois pendant près de cinq ans (on peut comprendre la réticence de se séparer d'un tel chef d'oeuvre).

Elle fur cédée le 19 avril 1967 à Cesare Candiani, haut dignitaire Milanais (expliquant sa nouvelle immatriculation ''MI D93780'') pour la modique somme de 3 000 000 lires soit à peine 22500 € actuels. Mails il s'agissait là d'un ''bon coup'' puisque cet honorable Milanais l'a fit revendre deux mois plus tard à Geurges M Keyes contre 10 000 000 lires soit environ $80000 actuels, ce qui reste une excellente affaire, quinze à vingt fois moins de sa cote si toutefois une telle rareté était mise en vente.

Elle revint en 1989 en Europe aux mains d'un certain Frans den Neuvel, collectionneur néerlandais qui céda à la mode du rouge pour la carrosserie (N'oublions que le Commendatore venait de disparaitre et qu'en pleine Ferrarimania, tout ce qui de près ou de loin rappelait le mythe permettait ou du moins laissait à espérer au propriétaire une providentielle plus value).

Bien mal lui en prit. La voiture fut reprise en 1993 par die ''gerhümte Modena Motorsport'' Garage.

Elle fut acquise dès février 1994 par l'industriel Sigfried Propfen à la tête d'une prospère entreprise fabricant des machines d'embouteillage (comme la société SIDEL en France pour les avertis).

Ce dernier demanda a Modena Motorsport une rénovation complète préférant néanmoins une livrée gris argent. La voiture participa régulièrement aux Old Grand Prix sur le circuit du Nurbürgring.

Après le décès de son ''maître'' le 29/11/2022, la voiture est, semble-t-il, restée dans la famille.

 

La seconde (#4053GT) a été réalisée courant septembre 62 chez Scaglietti à l'aide du maître gabarit établi par Pininfarina pour la #3849GT, juste à temps pour être présentée au salon de Paris sous la férule de Jess G Pouret, alors en charge des ventes de Ferrari chez la Franco Britanic.

La voiture fut vendue à l'issue du salon à une famille oeuvrant dans l'allier (d'où son immatriculation ''190 LE 03''). Après trois ans, le sérieux allierois la vendit à un artiste  du même département réputé pour ses oeuvres en matière plastique (nous étions en pleine période de célébration de ces matières ''nouvelles'' relevant d'un ''art post-moderne nous enjoignant à nous libérer de nos carcans et rigidités des matières ancestrales'' (j'exagère à peine le discours de cette ''nouvelle vague''.

Et malheureusement, l'artiste la fit repeindre en rose après en avoir défiguré la calandre avant (Heureusement, il ne reste aucune trace photographique de ce massacre). L'histoire ne dit pas s'il était en plein état de conscience ou sous l'emprise de psychotropes commençant à faire florès dans le milieu.

Toujours est-il qu'en 1973, ''pris de remord'' et conscient de la valeur ainsi gâchée, il simula un incendie criminelle de la voiture mais l'assurance ne tomba pas dans le panneau.

Autant dire que la #4053GT était tombé au fond du puits. Et c'est là qu'elle fut courageusement repêchée par Pierre Herrant & Patrice Chesnel, deux étudiants originaires de Clermont-Ferrand et étudiant sur Paris à l'époque. La voiture prit sa nouvelle immatriculation ''2990 QM 63''.

Les deux étudiants entreprirent un démontage complet de la voiture en vue d'une restauration à la hauteur de son prestige.

Manquant néanmoins de moyens, ils durent se résoudre de céder l'ensemble à une de leur relation, étudiant américain bénéficiant d'une plus solide rente. Ce dernier stocka les pièces chez Hietbrink Coachbuilding, carrossier néerlandais. Mais après plus de 10 ans sans aucun financement, l'ensemble des parties trouvèrent enfin à l'orée du XXIe siècle deux acheteurs soucieux de faire restaurer la voiture. Elle fut restaurée dans une livrée Grigio cane di fusile (litéralement gris canon de fusil), retrouvant ainsi toute sa superbe.

En 2007, elle fut rachetée par le collectionneur britannique Stephen Pilkington (avec l'immat ''408 YUP'').

Elle a été présentée dans toute sa splendeur retrouvée lors du dernier salon de Rétromobile en 2024.

 

Mais rassurez-vous, je ne vais pas passer en revue l'historique des 351 Berlinetta Lusso produites ! On y serait encore dans un mois. Et autant dans ce cas que j'édite un bouquin ! 

Donc après les deux premiers protos largement évoqués, la 1ère 250 GT/L de série fut la #4213 GT acquise début 1963 par le pilote belge Leon Dernier dit Eldé (Avec son nom, on peut comprendre qu'il ait préféré un alias moins susceptible de raillerie facile), dans un gris argent que le pilote surligna d'une bande jaune le long du capot en hommage à la couleur fétiche de nos amis d'outre-quiévrain (couleur officielle d'ailleurs du garage Francorchamps). Et le hasard fut que la dernière (#5955GT) sortie des ateliers de Maranello en septembre 64 était également dans une livrée grise (intérieur bleu clair) et qu'elle présente l'unique particularité de toujours obtenir à son propriétaire initial, Roald Hoffman.

 

Que dire d'autres si ce n'est que contrairement à ses plus roturières consoeurs, elle ne fit l'objet que de deux très peu de transformations (et on le comprend pourquoi essayer d'obtenir La Joconde quand on possède déjà la Vénus ?).

Juste :

- 2 transfo en 250 GTO (#5243 & #5319 GT)

- 1 en TR replica (#5203GT)

- 1 en 330 LMB (#5591GT)

- 2 recevant juste un nez allongé du type des 330 LMB (#4335GT & #4385GT) - superbement reproduites par BBR - et qui apportent une alternative intéressante / sempiternelles copie de GTO, SWB & autres TR

Soit un taux de transformation de 1,9%.

A noter enfin que trois voitures ont reçu un moteur plus puissant :

- les #4421 & #5471GT équipées d'un moteur de 275 GTB (+80 chevaux)

- la #4715GT recevant le moteur de la 400 SA #3097 SA (+100 chevaux)

Et qu'une seule voiture (#5589GT) servit de banque d'organe suite à un lourd accident de la circulation.

 

Ah oui, j'oubliais la #4891GT qui a appartenu au ''King of Cool'', Steve Mc Queen himself. Tout le monde connaît la passion qu'avait l'acteur pour la compétition mobile, au point de produire Le Mans sur ses propres fonds via sa société de production SOLAR. Dans ce film, les méchantes étaient tenues par les 512 S et les gentilles par les 917 Gulf même si au final c'est la 917 de maman Piëch qui a raflé la mise. Mais au final, Steve était loin d'être insensibles aux charmes des Ferrari. Outre le 250 GT/Lusso en question, cadeau de son épouse, il possédait aussi une 275 GTB Spider NART bleu, la #10453 (6eme/10). Outre le marron métallique, la Lusso présentait la particularité de sorties d'échappement au revêtement intérieur dorée.

Steve conserva la Lusso jusqu'à son tragique et prématuré décès en 1973. La voiture resta ensuite en Californie pendant près de 35 ans changeant de main à 4 reprises.

Depuis 2007, la voiture est revenue en Europe, du moins au Royaume-Unis entre les mains de David Richard Moores, entrepreneur et dirigeant sportif, propriétaire notamment du fameux Liverpool FC.

Récemment décédé en 2022, il a, semble-t-il légué la Lusso aux membres de sa famille. Qui en la garde ? ''No clue'' comme disent nos amis américains.... 🙂

250 SWB Lusso 1.PNG

250 SWB Lusso 2.PNG

SWB Lusso by AMR.PNG

Lusso 3849 GT.PNG

Lusso 3849 GT 2.PNG

Lusso Rétro 2024.PNG

Lusso 5955GT.PNG

Lusso 4335 Long nose.PNG

Lusso 4385 GT.PNG

Lusso 4891 GT Steve Mc Queen.PNG

Lusso Mc Queen.PNG

Lusso Mc Queen ar.PNG

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bertrand59

Magnifique auto !

 

La #4759GT croisé à Montlhéry en 2021 

 

 

LUSSO 250 RL 91 4759GT (6).JPG

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