La Ferrari F355 est très recherchée car elle est la dernière des "vraies" berlinettes Ferrari, dont la lignée avait débutée par la Dino. Elle est considérée régulièrement dans les sondages comme une des plus belles Ferrari. Pour autant, elle a la réputation de coûter cher en entretien. Le mieux est d'obtenir l'avis et les chiffres de vrais propriétaires pour vous faire votre avis. C'est pourquoi vous trouvez sur Ferrarista plusieurs retours de propriétaires de Ferrari F355, un seul ne suffisant pas pour tirer des conclusions. Voici le retour d'expérience de @philF355 avec sa Ferrari F355 sur une petite dizaine d'années.
Caractéristiques
Années : 1994-1999 Moteur : V8 3,5l 40s Transmission : Manuelle 6 rapports ou robotisée F1 séquentielle
Puissance maxi : 380 ch à 8 250 tr/min Couple maxi : 360 Nm à 6 000 tr/min
Poids à vide : 1 350 kg Vitesse maxi : 295 km/h Accélération : 0 à 100 km/h en 4,7s
@Franck : Quel est ton parcours automobile et pourquoi avoir choisi cette Ferrari ? Quelle en est ton utilisation ? Depuis combien de temps ?
@philF355 : Depuis tout petit, j’ai toujours été un passionné de mécanique. Je suivais les grands prix de F1, me levant à 5h00 du matin, pour supporter mon équipe favorite : FERRARI. J’habitais dans une ville du plein centre de la France, 15 000 habitants, et 1 Ferrari. Une 512BB !! L’auto roulait tous les dimanches, toujours sur le même parcours, à la même heure. J’allais la voir passer au bout de la rue dès que je pouvais.
Mon parcours automobile a commencé en 1990. A l’époque j’avais 23 ans. Pas question de sportive, une Renault Super 5 NRJ, 5 vitesses avec toit ouvrant et radio cassette. Un an plus tard, en septembre, j’étais au Salon de l’Auto à Paris devant une Peugeot 205 GTI Griffe, superbe !!! Quelques temps plus tard elle était dans ma cour. Elle fut remplacée dans les années suivantes par une Renault Clio 16S, puis une Clio Williams.
C’est à l’âge de 27ans, que j’ai approché de près une F355 F1 Berlinetta Giallo d’une connaissance d’un ami. Cette auto m’avait littéralement hypnotisée, ses lignes, ce son, ses baquets carbone, etc. A ce moment-là, pour moi, c’était une Peugeot 306 S16 6 vitesses,167cv une bombe pour l’époque. Ensuite, l’arrivée de mon fils Bastien me détourna vers les déplaçoires familiaux.
Puis arriva ce jour où je me suis retrouvé à l’hôpital à l’âge de 43 ans. La situation était compliquée et je lisais le magazine Sport Auto. Sur la couverture était noté " Réalisez votre rêve ". Je revois toujours ce chirurgien, assis sur le rebord du lit, me dire "Ca il faut le faire maintenant !!!!". C’est à ce moment que j’ai décidé de franchir le pas et d’acheter une Ferrari pour mes 45 ans, la Ferrari de mes rêves, la F355. Je la possède depuis 2012, c’est plus qu’une auto-plaisir, c’est un aboutissement et la fin d’un combat.
@Franck : Quels étaient tes critères d’achat pour cette Ferrari et comment as-tu trouvé cet exemplaire ?
@philF355 : Je me suis donc mis en recherche de l’auto de mes rêves. Une fiche bristol fera l’affaire. Rouge ou jaune, intérieur tout noir, F1, avec des sièges carbone et moins de 50 000 kilomètres, voilà mon cahier des charges est fait.
Tiens c’est à ce moment qu’Alain, un gars du sud-est du forum, décide de vendre la sienne. Magnifique auto qui correspond à mes rêves. Elle possède toujours les plastiques sur les moquettes. Je le contacte, mais je n’arrive pas à me décider. J’ai peur, je suis frileux de passer à l’acte. Mille questions arrivent. Que va penser ma famille, les amis, les voisins ?
Là, je recroise le propriétaire de cette Ferrari F355 F1 Giallo, nous discutons, et il me parle de son aventure avec Auvergne Moteur. Je décide d’aller voir Philippe Gardette, magicien de la région Centre en matière de Ferrari. Le rendez-vous est pris. Direction Clermont Ferrand où une longue discussion commence. Je suis intimidé, assis à côté de sa Ferrari Enzo.
Ses questions arrivent :
- Vous connaissez les budgets d’entretiens d’une Ferrari ?
- Pourquoi une F355 ? C’est cher en entretien !!
- Pourquoi une boite F1 ? C’est une source à emmerdes !!
- Pourquoi un intérieur noir ?
Après 3 heures d’échanges unilatéraux, calé dans le fond du fauteuil, arrive la phrase fatidique :
« Quand vous serez prêt, revenez me voir ».
Mais je suis prêt ( enfin dans mon fort intérieur ) !!
« Réfléchissez et quand vous serez prêt, revenez me voir ».
L’homme est rugueux et froid d’abord, mais clair et rassurant dans ses explications.
Je rentre déçu, frustré. Tout s’embrouille dans ma tête.
Un mois passe, retour à Clermont, la recherche est lancée et 3 semaines plus tard, le coup de fil.
« J’ai trouvé votre auto !!! »
Rendez-vous le samedi chez le propriétaire, qui habite à 50 kilomètres de chez moi. L’historique de l’auto est décrit. Rouge, intérieur noir. Le 1er propriétaire a fait du circuit, le 2ème l’a mise en exposition 4 ans dans sa salle à manger, le 3ème est celui chez qui nous sommes. Je serai donc le 4ème. Puis nous allons au garage, je découvre l’arrière de l’auto, elle démarre, c’est le coup de cœur. Quel son avec cette marmite Orbisoud . Là plus de doute : ce sera La Mienne !!!
Déjà midi, nous allons déjeuner, et au retour la question de Gardette tombe : "Vous décidez quoi, on la charge sur la remorque ou pas ?". Bien sûr qu’on la charge, c’est fait, Ma Ferrari part en révision à Clermont !!!
@Franck : De suite après l’achat, qu’est ce qui t’a le plus marqué au volant de cette auto ?
@philF355 : Cette F355 est une auto confortable, facile à conduire et rassurante. Le moteur est très souple et rouler en 6ième à 80Km/h ne la perturbe pas. Pour avoir tous les CV, il faut monter au-dessus de 6 000 trs/min !!
Seul petit bémol, la direction qui est légère, surtout en l’accélération. L’avant cabre et il faut donc faire très attention et bien doser l’accélérateur quand on souhaite doubler sous peine de tirer tout droit. L’installation de la barre stabilisatrice arrière de la challenge serait vraiment un plus, mais faut-il encore en trouver une !!
Les vision et rétro-vision sont bonnes et l’on se sent tout de suite à l’aise dans la circulation.
@Franck : Peux-tu nous parler des coûts induits pour une utilisation normale de cette Ferrari (assurance, entretien annuel, grosse révision, imprévus, etc.) ?
@philF355 : Les couts d’entretien d’une Ferrari dépendent en grande partie de son histoire. Une vidange tous les 2 ans comme préconisé par Gardette, huile, filtre à air et huile, liquide de refroidissement, liquide de frein.
J’ai effectué une grosse révision il y a 4 ans. Pas mal de préventif a été fait comme le remplacement des collecteurs d’origines par des TubiStyle, remplacement des catalyseurs par des cats sport. Mon utilisation est régulière, toutes les 3 semaines au pire, mais je ne fais que rarement plus de 2 000 kilomètres par an.
Je n’ai pas rencontré de problème mis à part le réservoir. L’utilisation sur circuit du 1er propriétaire n’y est pas étrangère je pense. Les cloisons internes du réservoir soudées par quelques chenilles par-ci part-là ont tendance à se dessouder et à créer des fissures qui entrainent des fuites. C’est un point à vraiment surveiller dès que l’on sent une odeur d’essence.
A part cela, un set de pneus tous les 5 ans, pour ma part des Michelin Super Sport, qui collent vraiment l’auto au bitume.
La révision coûte de l’ordre de 1 100 € tous les 2 ans chez un spécialiste.
La grosse révision, de base, de l’ordre de 7 000 € tous les 5 ans chez ce même spécialiste
L’assurance 650€, en tous risques, moins de 8 000 km/an, dépannage 0Km, 300€ de franchise.
@Franck : Et si c'était à refaire, que changerais-tu ? Quels conseils donnerais-tu à quelqu'un recherchant cette Ferrari ? Quels sont ses défauts ? A quoi faire attention ? Quelles améliorations peuvent être à prévoir ?
@philF355 : Si c’était à refaire, avec l’expérience, j’achèterais encore plus en priorité une auto de passionné plutôt qu’une auto de concession ou de pro. J’ai eu la chance de rencontrer chacun des 3 anciens propriétaires. Chaque utilisateur est différent, la passion pour certains, la performance pour d’autres. C’est vraiment important d’avoir cet historique qui va nous aider dans le futur à comprendre les problèmes éventuels et à les prévenir.
Quand on dit Ferrari F355, on parle souvent des fissures sur les ailes arrières, des plastiques qui collent, etc. Ce qui est important de mon point de vue, c’est d’identifier ce qui est facilement réparable, modifiable, améliorable, de ce qui ne l’est pas, sauf à débourser des centaines ou milliers d’euros.
Durant ces 8 ans, j’ai refait les plastiques intérieurs qui collaient, changé un feu arrière et un clignotant avant qui s’étaient fissurés, changés tous les fusibles et tous les relais, posé des protections sur les longues portées et sur les angles des entrées d’air latérales, monté une grille challenge, trouvé à force de patience 2 baquets carbone, installé 2 buzzers sur les fusibles de ventilateurs, fait repeindre les 4 jantes et le pare-choc arrière qui avait perdu une écaille de gel Coat. Pour le plaisir ultime, un volant de 360 Modena , des collecteurs Tubistyle et des catalyseurs sport.
Beaucoup d’esthétique en fait, et du préventif. Pourquoi attendre d’être en panne au bord de la route pour ne pas avoir changé un fusible ou un relais qui a plus de 20 ans et qui ne coute qu’une dizaine d’euros ? Ma méthode pour rouler sans me demander si la panne n’est pas après tel ou tel virage, le préventif !!
@Franck : Merci beaucoup @philF355 pour tous ces détails sur ton expérience avec ta Ferrari F355. L'histoire est très intéressante et les chiffres parlent d'eux-mêmes.
Avez-vous des questions par rapport à la Ferrari F355 ? Si vous en possédez une, quelles autres précisions pourriez-vous apporter ?
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